Je n'ai jamais faussé compagnie au Messager d'Allah (sur lui la paix et le salut) au cours d'une expédition militaire qu'il a entreprise, excepté l'expédition de Tabûk. Il n'y a que la bataille de Badr à laquelle je n'ai pas participé, mais personne n'a été blâmé pour cela.

Je n'ai jamais faussé compagnie au Messager d'Allah (sur lui la paix et le salut) au cours d'une expédition militaire qu'il a entreprise, excepté l'expédition de Tabûk. Il n'y a que la bataille de Badr à laquelle je n'ai pas participé, mais personne n'a été blâmé pour cela.

‘Abdullah ibn Ka’b ibn Mâlik (qu’Allah l'agrée, lui et son père), qui était le guide de Ka’b lorsque ce dernier devint aveugle, relate : « J’ai entendu Ka’b ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) raconter l'histoire de lorsqu’il faussa compagnie au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) au cours de l’expédition de Tabûk. Ka’b ibn Mâlik dit : “ Je n’ai jamais faussé compagnie au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) au cours d’une expédition militaire qu’il a entreprise, excepté l’expédition de Tabûk. Il n’y a que la bataille de Badr à laquelle je n'ai pas participé, mais personne n'a été blâmé pour cela. En effet, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et les musulmans n’étaient sortis que pour intercepter la caravane de Quraych. Mais Allah , Exalté soit-Il, fit qu’ils rencontrèrent leur ennemi sans rendez-vous préalable. J’ai [aussi] été présent, la nuit d’Al-‘Aqabah, avec le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) au cours de laquelle nous prêtâmes serment de nous soumettre à l’Islam. Je n’échangerais en rien cette nuit-là contre une participation à la bataille de Badr, même si cette dernière est plus citée par les gens que la première. En ce qui me concerne, lorsque j’ai faussé compagnie au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) lors de l’expédition de Tabûk, je n’avais jamais été aussi fort ni aisé qu'à ce moment. Par Allah ! Je n’avais jamais possédé, avant cette expédition, deux chameaux à la fois ! Lorsque le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) souhaitait entreprendre une expédition, il ne précisait jamais l’endroit qu’il envisageait d’attaquer. Il lança cette expédition par une chaleur torride, le voyage s’annonçait long et triomphal et les ennemis à affronter nombreux. le Messager d'Allah (sur lui la paix et le salut) annonça donc aux musulmans leur objectif, les informant de la direction qu’il souhaitait prendre, afin qu’ils s’y préparent. Il était accompagné d’un grand nombre de musulmans sans qu’aucun livre ne consigne leurs noms - par "livre", il entendait le registre [des noms] - Ka’b poursuivit : Quiconque voulait se dérober pouvait donc le faire facilement, étant persuadé que son absence passerait inaperçue, à moins qu’une révélation divine ne descende le concernant. Par ailleurs, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) entreprit cette expédition au moment où les fruits, pour lesquels j’avais une certaine faiblesse, étaient devenus mûrs et où l’ombre était appréciée. Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) s’équipa ainsi que les musulmans. Quant à moi, je sortais bien le matin pour me préparer comme eux, mais je rentrais finalement sans avoir rien fait, en me disant : “ J’aurais bien le temps de le faire plus tard ! ” Cette situation perdura alors que les gens faisaient leurs préparatifs sérieusement. Un matin, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) prit la route ainsi que les musulmans alors que je n’avais rien préparé pour mon équipement. Au matin, je sortis mais revins chez moi sans avoir rien préparé. Cette situation se prolongea, si bien que l’armée accéléra le pas et prit les devants. Je décidai alors de prendre le départ pour les rejoindre, si seulement je l’avais fait ! Mais cela ne me fut pas destiné. Lorsque je sortais de chez moi, après le départ du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut), j’étais triste de ne voir personne sur qui pouvoir prendre exemple hormis un homme accusé d’hypocrisie ou un autre parmi les faibles qu’Allah, Exalté soit-Il, avait dispensés de combattre. Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) ne fit référence à moi qu’une fois arrivé à Tabûk. Ainsi donc, à Tabûk, alors qu’il était assis au milieu des hommes, il demanda : “ Qu’a donc fait Ka’b ibn Mâlik ? ” Un homme des Bani Salamah répondit : “ Ô Messager d’Allah ! Il a été retenu par ses beaux manteaux et l’admiration qu’il éprouve pour sa personne.” Mu’âdh ibn Jabal , (qu'Allah l'agrée), lui répondit alors : “ Quelles vilaines paroles profères-tu ! Par Allah ! Ô Messager d’Allah ! Nous ne connaissons de lui que du bien ! ” Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) garda le silence, puis vit apparaître à l’horizon un homme habillé de blanc tel un mirage. Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a alors dit : “ Que ce soit Abou Khaythamah.” Et en Effet, ce fut Abou Khaythamah al-Anṣâri, l’homme qui avait été raillé par les hypocrites lorsqu’il avait donné en aumône un ṣâ’ [unité de mesure équivalent au contenu de quatre paumes de mains jointes] de dattes. Ka’b ajouta : “ Quand j’entendis que le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) était sur le chemin du retour de Tabûk, je fus envahi par la tristesse et commençai à imaginer des mensonges en me demandant comment j’allais éviter sa colère le lendemain. Je cherchais assistance et conseil auprès de toute personne sage de ma famille. Lorsque nous fûmes informés de l’imminence de l’arrivée du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) j’oubliai toutes les fausses excuses sachant que cela ne me serait d’aucune utilité contre lui. Je pris la ferme résolution d’être véridique. Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) arriva enfin dans la matinée et, comme à son habitude chaque fois qu’il revenait de voyage, il se rendit à la mosquée afin d'y accomplir une prière de deux unités, puis il s’assit au milieu des gens. Lorsqu’il fit cela, ceux qui étaient restés à l’arrière - ils étaient environ quatre-vingts hommes - se rendirent auprès de lui en se justifiant et en jurant de leur bonne foi. Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) accepta leurs excuses publiques et leur serment d’allégeance, puis il demanda à Allah, Exalté soit-Il, de leur pardonner, tout en Lui confiant les secrets de leurs cœurs. Je m’avançai alors vers lui et le saluai. Il me sourit à la manière de celui qui est en colère, puis me dit : “ Viens ! ” Je vins à lui en marchant jusqu’à m’assoir devant lui. Il me demanda : “ Qu’est-ce qui t’a retenu en arrière ? N’avais-tu pas acheté une monture ? - Je répondis : Ô Messager d’Allah ! Par Allah ! Si je m’étais assis devant un autre que toi parmi les gens de ce bas monde, j’aurais tenté d’éviter sa colère par une quelconque excuse. J’ai de l’éloquence mais, par Allah, je sais parfaitement que si je mens aujourd’hui pour te satisfaire, il se peut qu’Allah te mette en colère contre moi. Toutefois, si je te dis la vérité et provoque ta colère contre moi, j’espère obtenir le pardon d’Allah - Élevé et Exalté soit-Il. Par Allah ! Je n’ai aucune excuse. Par Allah ! Je n’ai jamais été aussi fort et aussi aisé qu’au moment où je t’ai faussé compagnie. ” Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a alors dit : “ Quant à celui-là, il a été véridique. Lève-toi jusqu’à ce qu’Allah décide de ton sort ! ” Des hommes des Bani Salamah me suivirent et me dirent : “ Par Allah ! Nous n’avons jamais eu connaissance que tu aies péché avant cela. Tu as certainement été incapable de trouver une excuse comme les autres qui sont restés à l’arrière en ont trouvé une auprès du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Pourtant, l’imploration du pardon du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) en ta faveur t’aurait [largement] suffi afin que ton péché soit pardonné. - Il dit : Par Allah ! Ils ne cessèrent de me faire des reproches au point que je voulus retourner auprès du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) démentir mes propos. Je leur demandai : Quelqu’un d’autre a-t-il subi le même sort ? - Ils répondirent : Oui, deux hommes ont dit la même chose que toi et ont reçu la même injonction. - Je demandai : Qui sont-ils ? - Ils répondirent : Mourârah ibn Ar-Rabî’ Al-‘Amrî et Hilâl ibn Umayyah Al-Wâqifî. - Ils me citèrent deux hommes vertueux ayant participé à la bataille de Badr et qui étaient des modèles à suivre. Après qu’ils me furent cités, je persistai à être véridique. Alors, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a interdit aux musulmans de nous adresser la parole, à nous trois seulement parmi ceux qui étaient restés à l’arrière. Les gens nous évitèrent donc - ou il a dit : ils changèrent leur attitude envers nous - au point que la Terre me devint étroite comme si c’était une autre Terre que celle que je connaissais. Nous demeurâmes ainsi cinquante jours. Mes deux compagnons restaient cloîtrés chez eux, sans sortir de leur demeure, et ils ne cessaient de pleurer. Quant à moi, j’étais le plus jeune et le plus endurci des trois ; je sortais pour accomplir la prière avec les musulmans et j’allais dans les marchés, mais personne ne m’adressait la parole. Je me rendais auprès du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et le saluais alors qu’il se trouvait à l’endroit où il s’asseyait après la prière en me demandant s’il avait remué ou non les lèvres pour répondre à mon salut. Parfois, je faisais ma prière près de lui, jetant des regards furtifs dans sa direction. Pendant que j’accomplissais ma prière, il me regardait, mais quand je me tournais vers lui, il détournait son regard. Cette indifférence des musulmans à notre égard me devint tellement insupportable que je me dirigeai vers la maison de mon cousin Abû Qatâdah et enjambai l’un des murs du jardin extérieur. Abû Qatâdah était le fils de mon oncle paternel et l’une des personnes que j’aimais le plus au monde. Je le saluai, mais, par Allah, il ne me répondit pas. Je lui ai alors dit : Ô Abâ Qatâdah ! Je t’adjure au nom d’Allah, ne sais-tu pas que j’aime Allah et Son Messager ? Il se tut. Je l’adjurai de nouveau, mais il demeura silencieux. Je l’adjurai encore et il me répondit enfin : Allah et Son Messager savent mieux ! Mes yeux débordèrent de larmes. J’enjambai le mur et quittai l’endroit. Alors que je me déplaçai dans le marché de Médine, j’entendis crier un paysan chrétien [littéralement : un nabatéen de Nabat] venu du Shâm pour vendre des denrées à Médine. Il demandait aux gens de lui indiquer Ka’b ibn Mâlik alors ils l’orientèrent vers moi jusqu’à ce qu’il me trouva. Il me remit alors un message du roi de Ghassân. Étant lettré, je lus le message dans lequel était écrit : “ Ceci étant dit : Il nous est parvenu que ton compagnon te traite avec indifférence sans t’accorder de crédit. Pourquoi accepter d’être ainsi humilié et traité injustement ? Rejoins-nous donc et nous saurons te consoler. ” Quand je lus la lettre, je me dis : “ Ceci fait aussi partie de mon épreuve. ” Alors, je la jetai dans le four et la brûlai. Quarante jours, sur les cinquante, passèrent et la révélation divine tardait à venir, lorsqu’un jour un envoyé du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) vint me voir et me dit : “ Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) t’ordonne de t’éloigner de ta femme. -Je lui demandai : Dois-je la divorcer ? Que dois-je faire ? - Il me répondit : Non, mais tiens-toi à l’écart d’elle et ne l’approche pas ! ” Mes deux autres compagnons reçurent le même ordre. J’ordonnai alors à ma femme : “ Retourne chez ta famille et demeure chez eux jusqu’à ce qu’Allah décide dans cette affaire. ” La femme de Hilâl ibn Umayyah se rendit alors auprès du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et lui dit : “ Ô Messager d’Allah ! Hilâl ibn Umayyah est un vieil homme faible qui n’a personne pour le servir, est-ce que tu désapprouverais si je le servais ? ” Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) lui répondit : “ Non, mais qu’il ne s’approche pas de toi. - Elle dit alors : “ Par Allah ! Il n’a de désir pour rien. Par Allah ! Il ne cesse de pleurer depuis le début de cette affaire. ” Certains de mes proches m’ont alors dit : “ Et si tu demandais au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) l’autorisation de reprendre ta femme car il a autorisé la femme de Hilâl ibn Umayyah à servir ce dernier. Je leur répondis : Je ne demanderai aucunement l’autorisation du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Que dirait le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) si je lui demandais l’autorisation alors que je suis un jeune homme ? ” Je demeurai ainsi dix jours, ce qui porta à cinquante jours la période pendant laquelle il fut interdit aux gens de nous adresser la parole. Puis, au matin du cinquantième jour, je fis la prière de l’aube sur la terrasse de l’une de nos maisons et alors que j’étais assis dans l’état qu’Allah, Exalté soit-Il, a évoqué dans le Coran nous concernant, c’est-à-dire : je me sentais à l’étroit dans ma propre personne et la Terre me semblait si étroite en dépit de son immensité. Soudain, j’entendis la voix d’un homme qui était monté sur la montagne de Sal’, il criait à voix haute : “ Ô Ka’b ibn Mâlik ! Aie la bonne nouvelle ! ” Alors, je tombai prosterné et je savais que la délivrance était enfin arrivée. En effet, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) avait annoncé, après la prière de l’aube, qu’Allah - Élevé et Exalté soit-Il - avait accepté notre repentir. Les gens se précipitèrent vers nous pour nous en annoncer la bonne nouvelle. Ils se rendirent également auprès de mes deux compagnons pour la leur annoncer. Un cavalier se dirigea vers moi au galop et un homme des Aslam accourut vers moi puis escalada la montagne pour crier. La voix fut plus rapide que le cheval. Quand vint celui dont j’avais entendu la voix m’annoncer la bonne nouvelle, j’enlevai mes deux vêtements et les lui offris en guise de remerciement pour cette bonne nouvelle. Par Allah ! Je ne possédais, à cette époque, que ces deux habits. J’empruntai alors deux autres vêtements que j’enfilai et sortis à la rencontre du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Les gens me croisaient par vagues successives et me félicitaient pour l’acceptation de mon repentir en me disant : “ Félicitations pour l’acceptation de ton repentir ! ” A mon arrivée à la mosquée, je trouvai le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) assis et entouré de gens. Talhah ibn ‘Ubaydillah, (qu'Allah l'agrée), se leva et se précipita vers moi, puis il me serra contre lui et me congratula. Par Allah ! Aucun des Émigrés, excepté lui, ne se leva. Ka’b (qu'Allah l'agrée) a dit : Lorsque je saluai le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut), il me dit, le visage resplendissant de joie : “ Réjouis-toi du meilleur jour de ta vie depuis que ta mère t’a enfanté ! - Je demandai : Ô Messager d’Allah ! Cela vient-il de toi ou d’Allah ? - Il répondit : Non. Cela vient d’Allah, Élevé et Exalté soit-Il ! ” Nous savions que lorsque le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) éprouvait de la joie, son visage s’illuminait comme un pan de la lune. Donc, après m’être assis devant lui, j’ai dit : “ Ô Messager d’Allah ! Pour l’acceptation de mon repentir, je me sépare de tous mes biens en guise d’aumône pour Allah et Son Messager. Mais, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a dit : “ Garde une partie de ton argent, c’est mieux pour toi. ” J’ai dit : “ Alors je conserverai ma part du butin de Khaybar ”, avant d’ajouter : “ Ô Messager d’Allah ! Allah , Exalté soit-Il, ne m’a sauvé que pour avoir été véridique. Par conséquent, et cela fait partie de mon repentir, aussi longtemps que je serai vivant, je ne m’exprimerai qu’en étant véridique. ” Par Allah ! Depuis que j’ai dit cela devant le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut), je ne connais pas un musulman qui fut autant éprouvé que moi par Allah, Exalté soit-Il, dans le fait de tenir des propos véridiques. Par Allah ! Depuis ce jour où j’ai dit cela au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) jusqu’à aujourd’hui, jamais l’idée de mentir ne m’a effleuré l’esprit et j’espère qu’Allah, Exalté soit-Il, m’en protégera pour le restant de mes jours. Alors, Allah , Exalté soit-Il, révéla ces versets : {( Certes, Allah a accueilli le repentir du Prophète, celui des Émigrés et des Auxiliaires qui l’ont suivi à un moment difficile, après que les cœurs d’un groupe d’entre eux étaient sur le point de dévier. Puis, Il accueillit leur repentir car Il est Compatissant et Miséricordieux à leur égard. Et [Il a accueilli le repentir] des trois qui étaient restés à l’arrière si bien que, toute vaste qu’elle fût, la Terre leur paraissait exiguë ; ils se sentaient à l’étroit dans leur propre personne et ils pensaient qu’il n’y avait d’autre refuge d’Allah qu’auprès de Lui. Puis, Il agréa leur repentir pour qu’ils reviennent [à Lui], car Allah est l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux. Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques. )} [Coran : 9/117-119]. Ka’b (qu'Allah l'agrée) ajouta : “ Par Allah ! Excepté d’avoir été guidé à l’Islam, Allah ne m’a jamais comblé d’une grâce plus grande que celle d’avoir été véridique avec le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Si j’avais menti, j’aurais été perdu comme l’ont été ceux qui avaient menti. En effet, Allah , Exalté soit-Il, a dit au sujet de ceux qui avaient menti, la pire des choses qu’Il ait dite pour caractériser une personne. Allah , Exalté soit-Il, a dit dans Son Livre révélé : {( Ils vous feront des serments par Allah, quand vous êtes de retour vers eux, afin que vous passiez (sur leur tort). Détournez-vous d’eux. Ils sont une souillure et leur refuge est l’Enfer, en rétribution de ce qu’ils acquéraient. Ils vous font des serments pour se faire agréer de vous, même si vous les agréez, Allah n’agrée pas les gens pervers. )} [Coran : 9/95-96]. Ka’b (qu'Allah l'agrée) poursuivit son récit : “ Notre cas, à nous trois, fut différent du cas de ceux dont les excuses furent acceptées par le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) au moment où ils jurèrent de leur bonne foi et qu’il leur fit prêter serment d’allégeance et implora le pardon d’Allah en leur faveur. Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) laissa notre cas en suspens jusqu’à ce qu’Allah , Exalté soit-Il, juge de notre cas. C’est pour cette raison qu’Allah a dit : {( et des trois qui étaient restés à l’arrière )}. Car {( à l’arrière )} ne signifie pas à l’arrière de l’armée, mais que notre cas était resté en suspens contrairement à ceux qui avaient juré de leur bonne foi et s’étaient excusés auprès de lui et dont il avait accepté les excuses. » [Al-Bukhârî et Muslim]. Et dans une version : « Le Prophète (sur lui la paix et le salut) sortit en vue de l’expédition de Tabûk un jeudi et il aimait partir en voyage le jeudi. » Et dans une [autre] version : « Il ne rentrait de voyage que de jour, dans la matinée (au temps de « Aḍ-Ḍuḥâ »). Lorsqu’il arrivait, il commençait par se rendre à la mosquée où il accomplissait deux unités de prière puis il s’asseyait. »

[Authentique] [Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim]

Explanation

Ce hadith est celui de Ka’b ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) et de l’histoire de sa défection à la bataille de Tabûk, qui eut lieu en l’an 9 de l’Hégire. Cette bataille se produisit lors des jours de forte chaleur, au moment où les fruits étaient devenus mûrs et où les hypocrites faisaient passer le bas monde avant l’au-delà [encore plus qu’ils ne le faisaient d’habitude]. Ainsi, ils firent défection à cette bataille, se réfugièrent à l’ombre, la fraîcheur, [la douceur] des dattes et {( la distance leur parut longue )}, comme Allah, Gloire et Pureté à Lui, nous en a informé dans le Coran et comme on peut le voir dans ce hadith. Quant aux véritables croyants, ils sortirent avec le Prophète (sur lui la paix et le salut) et leur résolution n’a été affaiblie ni par la distance, ni par la maturité des fruits. Toutefois, Ka’b (qu'Allah l'agrée) a fait défection à la bataille de Tabûk, sans aucune excuse, mais tout en faisant partie des véritables croyants. Voilà pourquoi, il a dit : « Je n’ai jamais faussé compagnie au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) au cours d’une expédition militaire qu’il a entreprise. » Ka’b (qu'Allah l'agrée) a participé à toutes les expéditions militaires du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Il fait donc partie des combattants dans le sentier d’Allah. Il n’y a qu’à la bataille de Badr où il ne tint pas compagnie au Prophète (sur lui la paix et le salut), ainsi que d’autres, car celui-ci sortit de Médine sans l’intention de combattre. Pour cette raison, il n'y eut qu'environ trois cent dix hommes qui sortirent avec lui. Ils voulaient simplement prendre les chameaux de Quraysh, qui arrivaient chargés en provenance du Shâm et qui, se dirigeant vers La Mecque, passaient par Médine. Ensuite, il a évoqué son pacte d’allégeance au Prophète (sur lui la paix et le salut) la nuit d’Al-‘Aqabah à Minâ avant l’émigration. Les gens avaient prêté allégeance au Prophète (sur lui la paix et le salut) concernant l’Islam et, à ce sujet, il a dit : « Je n’échangerais en rien cette nuit-là contre une participation à la bataille de Badr, même si cette dernière est plus citée par les gens que la première ! » En effet, la bataille [de Badr] est devenue célèbre, contrairement au pacte d’allégeance. A ce moment-là, donc, Ka’b (qu'Allah l'agrée) était fort physiquement et avait une situation aisée. Il possédait même deux montures pour se joindre à cette expédition militaire alors que jamais auparavant ce ne fut le cas. Il s’est donc préparé et équipé [en vue de participer à celle-ci]. Parmi les habitudes du Prophète (sur lui la paix et le salut), lorsqu’il voulait entreprendre une expédition militaire, il y a le fait qu'il la dissimulait par une autre afin de montrer l’inverse de ce qu’il voulait [réellement entreprendre]. Cela fait partie de sa sagesse et de son expérience de la guerre. En effet, s’il montrait ses objectifs, il les dévoilerait à son ennemi et il se peut alors que celui-ci se préparerait davantage ou qu’il se soit déplacé de l’endroit visé par le Prophète (sur lui la paix et le salut) [avant son arrivée]. Telle fut toujours sa pratique, à l'exception de l’expédition militaire de Tabûk où le Prophète (sur lui la paix et le salut) dévoila son affaire et la manifesta clairement à ses Compagnons. Il les informa donc qu’il sortait pour Tabûk, à la rencontre d’un ennemi en nombre, en un lieu éloigné et que, de ce fait, ils devaient se préparer en conséquence. Les musulmans sortirent donc avec le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et personne ne fit défection hormis ceux qu'Allah avait avilis par l’hypocrisie ainsi que trois hommes seulement parmi les croyants : Ka’b ibn Mâlik, Murârah ibn Ar-Rabî’ et Hilâl ibn Umayyah (qu’Allah les agrée). Ils ont fait défection pour une affaire qu’Allah, Béni et Exalté soit-Il, avait voulue. Quant aux autres qui firent défection, c'était des hypocrites ancrés dans l’hypocrisie, qu'Allah nous en préserve. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) sortit donc avec bon nombre de ses Compagnons en direction de Tabûk, jusqu’à y parvenir et y faire halte. Cependant, Allah, Exalté soit-Il, fît que le Prophète et son armée ne rencontrèrent pas l'ennemi. Ils restèrent vingt jours à cet endroit et partirent sans combat ni guerre. Ka’b ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) dit que le Messager (sur lui la paix et le salut) et les musulmans se sont équipés puis sont sortis de Médine. Quant à lui (qu'Allah l'agrée), il s’est attardé malgré le fait que chaque matin, il se rendait auprès de sa monture et il disait : « Bientôt, je les rejoindrai ! » Mais, il n'en faisait rien. Il faisait ainsi chaque jour, jusqu’à ce que l’affaire se prolonge et, finalement, il ne put les rejoindre. Il cogitait sur son cas et décida d’aller au marché de Médine, mais il n'y restait plus aucun des Émigrés, ni des Anṣâr. En fait, il n’y avait qu’un homme connu pour être plongé dans l’hypocrisie, qu'Allah nous en préserve, submergé par celle-ci et qui n’était pas sorti, ainsi qu'un homme ayant une excuse qu’Allah, Béni et Exalté soit-Il, avait exempté [du combat] mais qui se blâmait lui-même [de n’avoir pas pu partir]. « Comment se faisait-il qu’il ne restait à Médine que ces personnes-là et que je me trouvais avec eux ? » Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) ne l’avait pas évoqué, ni ne s’était enquit de lui jusqu’à ce qu’il parvienne à Tabûk. Ainsi, alors qu’il était assis parmi ses Compagnons, à Tabûk, le Messager d’Allah demanda après lui et interrogea : « Où est Ka’b ibn Mâlik ? » Un homme [de la tribu] des Banî Salamah parla alors sur lui en le diffamant mais Mu’âdh ibn Jabal (qu'Allah l'agrée) le défendit. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) resta silencieux et ne répondit rien, ni à l’encontre de celui qui l’avait diffamé ni à l’encontre de celui qui avait répliqué. A ce moment-là, il vit un homme habillé de blanc, tel un mirage lointain qui bougeait. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) dit alors : « Que ce soit Abou Khaythamah al-Anṣârî ! » Et ce fut Abû Khaythamah. Et voilà en quoi le souhait que cette personne, qui venait de loin, soit Abû Khaythamah était perspicace : Cet Abû Khaythamah fut celui qui dépensa en aumône la mesure d’un « Ṣa’ » de dattes lorsque le Prophète (sur lui la paix et le salut) avait incité à donner en aumône. A ce moment-là, chaque homme avait dépensé en aumône selon sa situation. Mais lorsque quelqu’un venait avec une aumône conséquente, les hypocrites disaient : « Celui-ci fait de l'ostentation ! Il ne recherche pas le Visage d’Allah à travers une telle aumône ! » Et lorsqu’un pauvre venait avec une simple aumône, ils disaient : « Certes, Allah peut se passer du « Ṣa’ » de celui-là ! » Ka'b (qu'Allah l'agrée) dit que lorsque lui parvint que le Prophète (sur lui la paix et le salut) revenait de la bataille avec une caravane, il commença à réfléchir à ce qu’il allait lui dire à son retour. Il voulait raconter quelque chose, même de vague, afin que le Prophète (sur lui la paix et le salut) l’excuse. Il décida alors de consulter les personnes sages de sa famille sur ce qu’il devait dire. Quoi qu'il en soit, il a dit que lorsque lui parvint la nouvelle que le Prophète (sur lui la paix et le salut) était proche [de Médine], il se ravisa et cette fausse excuse se dissipa. Il se résolut à expliquer la vérité au Prophète (sur lui la paix et le salut). Le Prophète (sur lui la paix et le salut) arriva donc à Médine et entra à la mosquée, c’était son habitude lorsqu’il revenait chez lui. En effet, la première chose qu’il faisait (sur lui la paix et le salut) était de prier à la mosquée. Il entra donc à la mosquée, pria et s’assit auprès des gens. Les déserteurs, ceux qui avaient fait défection sans aucune excuse valable parmi les hypocrites, vinrent alors à lui et lui jurèrent qu’ils avaient une excuse. Il leur fit prêter serment d’allégeance et il implora le pardon d’Allah en leur faveur. Mais ceci ne leur fut d’aucune utilité, et c’est auprès d’Allah qu’on cherche refuge, car Allah, Exalté soit-Il, a dit : {( Que tu implores pardon pour eux ou que tu ne l’implores pas, et même si tu implorais pardon pour eux soixante-dix fois, Allah ne leur pardonnerait pas. )} [Coran : 9/80]. Il a alors dit : « Quant à moi, je fus résolu à être véridique avec le Prophète (sur lui la paix et le salut) et à l’informer de manière véridique. Je suis donc entré à la mosquée, je l’ai salué et il m’a souri comme sourit une personne en colère, puis il a dit : « Viens ! » Alors, je me suis approché de lui et là il m’a dit : « Pourquoi ta défection ? » Il a alors dit (qu'Allah l'agrée) : « Ô Messager d’Allah ! Je n’ai pas la moindre excuse pour avoir fait défection et, avant cela, jamais je n’avais possédé deux montures pour entreprendre mon expédition militaire. Certes, si je me tenais auprès d’un des rois de ce bas monde, je parviendrai à m’extirper de cette situation par une excuse car on m’a fait don de l’éloquence. » C’est-à-dire : si j’étais assis auprès de quelqu’un parmi les rois, je saurais comment me délivrer de lui car Allah m’a donné de la répartie. Mais, aujourd’hui, je ne vais pas te raconter une histoire qui te satisferait de moi et que tu agréerais car j’ai peur qu’Allah se mette en colère contre moi pour cela. Ainsi donc, il lui tint des propos véridiques et il l’informa qu’il n’avait aucune excuse [légitime] ni physiquement, ni matériellement. Plutôt, et comme il l’a dit, jamais avant cette expédition militaire, il n’était parvenu à réunir deux montures. Alors, le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Quant à celui-là, il a été véridique ! » Qu’il suffise à Ka’b comme honneur que le Prophète (sur lui la paix et le salut) l’ait décrit comme étant quelqu’un de véridique. « Quant à celui-là, il a été véridique ! » Par conséquent, va-t’en jusqu’à ce qu’Allah décide ce qu’Il souhaite te concernant. Ainsi donc, il s’en alla en se soumettant à l’ordre d’Allah - Élevé et Exalté soit-Il - et croyant en Lui, sachant que ce qu’Allah avait voulu devait se produire et ce qu’Il n’avait pas voulu ne devait pas se produire. Des gens de Banî Salamah, issus de son peuple, le rencontrèrent et essayèrent de lui embellir l’idée de revenir sur son aveu [en mentant au Messager]. Ils lui dirent donc : « Certes, tu n’as pas commis un péché avant cela et il te suffit que le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) implore le pardon d’Allah en ta faveur. En effet, si le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) implore le pardon d’Allah en ta faveur, Allah te pardonnera. Par conséquent, repars, rétracte-toi et dis : J’ai une excuse, jusqu’à ce que le Messager (sur lui la paix et le salut) implore le pardon en ta faveur comme il a imploré le pardon en faveur de ceux qui sont venus à lui et se sont excusés. » Il eut alors l’intention de le faire, mais Allah - Gloire et Pureté à Lui - le délivra de cette idée et lui écrivit cet immense haut fait qui est maintenant récité dans le Livre d’Allah et cela jusqu’au Jour de la Résurrection. Puis, il interrogea son peuple : « Est-ce que quelqu’un a fait exactement ce que j’ai fait ? » Ils répondirent : « Oui. Hilâl ibn Umayyah [Al Wâqifî] et Murârah ibn Ar-Rabî’ [Al-‘Amrî] (qu’Allah les agrée). Ils ont dit exactement ce que tu as dit et on leur a dit exactement ce qu’on t’a dit. » Il a dit : « Ils m’ont cité deux personnes vertueuses qui avaient participé à la bataille de Badr et qui étaient des modèles pour moi. » Alors, le Prophète (sur lui la paix et le salut) ordonna aux gens de les laisser à l’écart et ils ne leur parlèrent plus. Les musulmans les ignorèrent donc et, à la suite de cela, [Ka’b, Hilâl et Murârah] marchaient comme s’ils avaient perdu la raison. La Terre leur devint étrangère et ce n’était plus la Terre qu’ils connaissaient. En effet, lorsqu’ils marchaient ici et là, quand ils saluaient quelqu’un, personne ne répondait à leur salut. Lorsque quelqu’un les croisait ou les rencontrait, il ne les saluait même pas de prime abord. Et même le Prophète (sur lui la paix et le salut), qui était le meilleur des hommes en termes de bon comportement, ne les saluait pas. Ka’b continue : « J’étais présent lorsque le Prophète (sur lui la paix et le salut) était là et je le saluais mais je ne savais pas s’il avait bougé ses lèvres en me rendant le salut ou non. » Alors, la Terre leur parut exiguë et ils se sentirent à l’étroit jusqu’en leur propre personne et surent [vraiment] qu’il n’y avait de refuge d’Allah qu’auprès de Lui. Ils demeurèrent dans cette situation durant cinquante jours : les gens les avaient désertés, ils ne les saluaient pas et ils ne leur rendaient pas le salut lorsqu’eux-mêmes les saluaient. Cela devint pénible et ils décidèrent de fuir vers Allah. Toutefois, durant tout ce temps-là, Ka’b ibn Mâlik n’abandonna pas la prière en groupe [à la mosquée]. Il y assistait et il saluait le Prophète (sur lui la paix et le salut). Cependant, vers la fin de l’affaire, il se peut qu’il fût en retard aux prières du fait qu’il ressentait de la gêne, embarrassé qu’il était de se rendre auprès de gens avec lesquels il priait mais qui ne lui parlaient jamais, ne serait-ce qu’une simple bonne parole ou même un blâme. Il a dit : « Quant à mes deux compagnons, ils restaient cloîtrés chez eux, sans sortir de leurs demeures, et ils ne cessaient de pleurer. » Car ils ne pouvaient pas circuler dans les marchés et les gens les avaient désertés. Personne ne se retournait sur eux, personne ne les saluait et personne ne répondait à leur salut lorsqu’ils saluaient. Ainsi, ils furent incapables de supporter cette situation et ils préférèrent rester dans leurs demeures à pleurer. Il dit : « Et moi, j’étais le plus fort d’entre eux et le plus endurant… » Car il était plus jeune qu’eux. Ainsi, il assistait à la prière en groupe avec les musulmans, il parcourait les marchés de Médine mais personne ne lui parlait car le Prophète (sur lui la paix et le salut) avait ordonné [aux gens] de les déserter et les Compagnons (qu’Allah les agrée) étaient les hommes qui obéissaient le plus au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Il poursuit : « Je priais et je volais du regard le Prophète (sur lui la paix et le salut) », c’est-à-dire : parfois, et alors que je priais, je le regardais. Et lorsque je m’apprêtais à effectuer ma prière, il me regardait. Mais dès que je me tournais vers lui, il se détournait de moi. Et tout ceci était dû à la dureté de la mise à l’écart (« Al-Hajr »). Il dit : « Un jour, alors que je marchais dans les marchés de Médine et que cette indifférence des gens à notre égard se prolongeait [cela me devint tellement insupportable que je me dirigeai vers la maison de mon cousin], j’enjambai un des murs [du jardin extérieur de sa maison]. » C’est-à-dire qu’il est entré dans la maison d’Abû Qatadah, (qu'Allah l'agrée), par-dessus le mur. « Je l’ai alors salué et, par Allah, il ne m’a pas rendu le salut ! Pourtant, c’était le fils de mon oncle paternel et l’homme le plus aimé auprès de lui. » Même malgré cela, il ne lui a pas rendu le salut. Tout ceci par obéissance à Allah et à Son Messager. Il lui a alors dit : « Je t’en conjure au nom d’Allah ! Ne sais-tu pas que j’aime Allah et Son Messager ? » Mais il ne lui répondit pas. Deux fois il le conjura et [deux fois] Abû Qatadah resta muet bien qu’il sache que Ka’b ibn Mâlik aimait Allah et Son Messager. Alors, il lui répéta une troisième fois et dit [ce qu’il avait déjà dit précédemment : « Je t’en conjure au nom d’Allah ! Ne sais-tu pas que j’aime Allah et Son Messager ? »] Abû Qatadah dit alors : « Allah et Son Messager le savent mieux ! » Il ne lui a pas parlé et n’a ni confirmé, ni nié. Alors, Ka’b pleura et sortit au marché. Pendant qu’il marchait, un chrétien venant du Shâm demanda : « Qui peut m’indiquer qui est Ka’b ibn Mâlik ? » Il répondit : « C’est moi ! » Il lui donna une feuille, Ka’b était un scribe et, à cette époque, il y avait très peu de scribes. Il dit : « J’ai alors lu la lettre et il s’y trouvait : “ Ceci étant dit : Il nous est parvenu que ton compagnon - c’est-à-dire : le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) - te traite avec indifférence sans t’accorder de crédit. ” Et ce roi était le roi du Ghassân, c’était un mécréant. “ Pourquoi accepter d’être ainsi humilié et traité injustement ? Rejoins-nous donc et nous saurons te consoler avec nos biens et même il se peut que nous puissions te consoler avec notre royauté. ” Mais Ka’b était un homme croyant en Allah, Exalté soit-Il, et en Son Messager. Il aimait Allah et Son Messager (sur lui la paix et le salut) et s’exclama alors : “ Ceci fait aussi partie de mon épreuve ! ” Ensuite, il se rendit au four et brûla la lettre. Lorsque quarante [jours et] nuits se terminèrent et que la Révélation se faisait toujours attendre, le Prophète (sur lui la paix et le salut) leur envoya un émissaire afin de leur dire de s’écarter de leurs femmes. Ka’b demanda : “ Dois-je la divorcer ? Que dois-je faire ? ” » En effet, s’il avait dit : « Divorce-la ! » il l’aurait divorcé très facilement, par obéissance à Allah et à Son Messager. Voilà pourquoi, il a demandé et a dit : « Dois-je la divorcer ? Que dois-je faire ? » L’émissaire du Messager lui dit : « Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) t’ordonne de t’écarter de ta famille ! » Il est donc resté sur le côté apparent de l’expression. Ka’b dit alors à son épouse d’aller chez sa famille, jusqu’à ce qu’Allah décide et juge cette affaire. Elle repartit donc chez sa famille. La femme de Hilâl ibn Umayyah se rendit, elle, auprès du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et l’informa que ce dernier avait besoin d’elle afin qu’elle soit à son service. En effet, il [était âgé et] n’avait pas de servant. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) lui autorisa cela à la condition qu’il ne l’approche pas. Mais elle lui répondit : « Par Allah ! Il n’a de désir pour rien ! » C’est-à-dire qu’il n’a aucun désir pour les femmes et il (qu'Allah l'agrée) ne fait que pleurer depuis que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a ordonné de les laisser à l’écart, jusqu’à ce jour. Depuis quarante jours, il ne fait que pleurer car il ne sait pas comment finira cette affaire. [Ka’b (qu’Allah l’agrée) dit] : « Certaines personnes de ma famille m’ont dit : “ Et si tu demandais au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) l’autorisation de reprendre ta femme car il a autorisé la femme de Hilâl ibn Umayyah à servir ce dernier ? - Je leur répondis : Je ne demanderai aucunement l’autorisation du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Que dirait le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) si je lui demandais l’autorisation alors que je suis un jeune homme !? ” Je demeurai ainsi dix nuits, ce qui compléta à cinquante nuits la période depuis laquelle il fut interdit [aux gens] de nous adresser la parole. » Il poursuit : « Et un jour, pendant que j’effectuais la prière de l’aube sur la terrasse de l’une de nos maisons, j’entendis la voix d’un homme qui criait depuis la montagne de Sal’ - qui est une montagne connue de Médine - il criait de sa voix la plus forte : “ Ô Ka’b ibn Mâlik ! Aie la bonne nouvelle ! - Il dit : Alors, je tombai prosterné sachant que la délivrance était enfin arrivée ! ” » Un cavalier, parti de la mosquée, se dirigea vers la maison de Ka’b ibn Mâlik tandis que d’autres se rendirent chez Hilâl ibn Umayyah et Murârah ibn ar-Rabî’ afin de leur annoncer la bonne nouvelle de l’acceptation de leur repentir de la part d’Allah. Il dit : « Le crieur vint à moi en marchant tandis que le cavalier vint à mois à cheval », mais la bonne nouvelle appartenait au crieur car la voix est plus rapide que le cheval. Il dit : « Je lui ai alors donné mon habit », l’empan et le pagne. Et il ne possédait que cela. Toutefois, il a ensuite emprunté deux vêtements auprès de sa famille, ou auprès de ses voisins, et les a mis car il avait donné les siens à celui qui lui avait annoncé la bonne nouvelle. Puis, il descendit en se dirigeant vers le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) à la mosquée. Là, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) avait annoncé la bonne nouvelle aux gens après la prière de l’aube, à savoir qu’Allah avait accordé son repentir aux trois personnes [mises à l’écart]. Il dit : « Je suis allé au-devant du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) », c’est-à-dire : c’est lui que je cherchais. Les gens qui me croisaient alors, par vagues successives, me félicitaient pour l’acceptation du repentir d’Allah en ma faveur et cela jusqu’à ce que je rentre à la mosquée. » Il poursuivit : « Là, il y avait le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) qui était assis, entouré de ses Compagnons. Alors, Ṭalḥah ibn ‘Ubaydillah, (qu'Allah l'agrée) vint me serrer la main et me faire l’accolade tout en me félicitant de l’acceptation du repentir d’Allah en ma faveur et me disant : “ Félicitations pour l’acceptation de ton repentir ! ” » Il continue : « Par Allah ! Personne parmi les Emigrés ne s’est levé vers moi sauf Ṭalḥah ! » Il n’a jamais oublié cela de sa part. Puis, il s’est arrêté devant le Prophète (sur lui la paix et le salut). Là, son visage brillait et resplendissait car il se réjouissait (sur lui la paix et le salut) qu’Allah ait accordé Son repentir à ces trois personnes qui avaient été véridiques avec Allah et son Messager et avaient informé véridiquement de leur situation, [motivés qu’ils étaient] par la foi. Il en avait résulté pour eux une immense affaire qui s’était traduite par le fait que les gens les mirent à l’écart durant cinquante jours, de même que leurs femmes qui, après quarante jours, s’exécutèrent lorsque le Messager (sur lui la paix et le salut) avait ordonné qu’ils s’écartent d’elles. Ensuite, le Prophète (sur lui la paix et le salut) lui a dit : « Réjouis-toi du meilleur jour de ta vie depuis que ta mère t’a enfanté ! » Il lui a alors demandé : « Ô Messager d’Allah ! Cela vient-il de toi ou d’Allah ? - Il a répondu : Non, cela vient d’Allah, Élevé et Exalté soit-Il ! » En effet, si cela provenait d’Allah, alors c’était plus honorable, plus méritoire et plus majestueux. Ka’b (qu’Allah l’agrée) dit alors : « Et fait partie de mon repentir le fait que je me sépare de toute ma fortune et que je la consacre en aumône pour Allah, Exalté soit-Il ! » Mais le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Garde une partie de ton argent, c’est mieux pour toi ! - Il a dit : Je conserverai alors ma part du butin de Khaybar ! » Et Ka’b ibn Mâlik évoqua que faisait aussi partie de son repentir le fait qu’il ne raconterait jamais quoi que ce soit de mensonger après qu’Allah, Exalté soit-Il, l’ait délivré [de cette situation] grâce à la véracité et la véridicité. Et il n’a jamais cessé d’être ainsi [tout au long de sa vie], il n’a jamais prononcé un seul mensonge après qu’Allah lui ait accordé Son repentir. Ainsi, Ka’b, (qu'Allah l'agrée) fut un modèle de véracité et de véridicité, au point qu’Allah fasse descendre en ce qui le concerne lui, ainsi que ses deux compagnons [le verset suivant] : {( Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques )} [Coran : 9/ 119]. Allah, Exalté soit-Il, révéla les versets qui montrèrent Sa faveur à leur égard du fait qu’Il avait agréé leur repentir : {( Certes, Allah a accueilli le repentir du Prophète, celui des Émigrés et des Auxiliaires qui l’ont suivi à un moment difficile, après que les cœurs d’un groupe d’entre eux étaient sur le point de dévier. Puis, Il accueillit leur repentir car Il est Compatissant et Miséricordieux à leur égard. Et [Il a accueilli le repentir] des trois qui étaient restés à l’arrière si bien que, toute vaste qu’elle fût, la Terre leur paraissait exiguë ; ils se sentaient à l’étroit dans leur propre personne et ils pensaient qu’il n’y avait d’autre refuge d’Allah qu’auprès de Lui. Puis, Il agréa leur repentir afin qu’ils reviennent [à Lui], car Allah est l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux. Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques ! )} [Coran : 9/117-119] Ka’b ajouta : « Par Allah ! Allah ne m’a pas gratifié d’un bienfait meilleur, depuis qu’Il m’a guidé à l’Islam, et aussi immense dans ma personne que le fait d’avoir été véridique avec le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut). Heureusement que je ne lui ai pas menti car j’aurai été détruit comme ceux qui ont menti ont été détruits. En effet, Allah a dit au sujet de ceux qui avaient menti, au moment où la Révélation est descendue, la pire chose qu’il ait dite pour quelqu’un. Il a dit, Exalté soit-Il : {( Ils vous feront des serments par Allah, quand vous êtes de retour vers eux, afin que vous passiez (sur leur tort). Détournez-vous d’eux ! Ils sont une souillure et leur refuge est l’Enfer, en rétribution de ce qu’ils acquéraient. Et ils vous font des serments pour se faire agréer de vous, mais même si vous les agréez, Allah n’agrée pas les gens pervers.)} [Coran : 9/95-96]. Il a dit : « Nous trois avons fait l’inverse de ceux-là dont les excuses furent acceptées par le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) au moment où ils lui jurèrent de leur bonne foi puis qu’il leur fit prêter serment d’allégeance avant d’implorer le pardon d’Allah en leur faveur. Quant à nous, le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) laissa notre cas en suspens jusqu’à ce qu’Allah, Exalté soit-Il, décide et juge de notre cas. C’est pour cette raison qu’Allah, Élevé et Exalté soit-Il, a dit : {( et des trois qui étaient restés à l’arrière )}. Et ce qu’Allah a évoqué ne signifie que nous étions restés à l’arrière en tant que déserteurs [de l’expédition militaire]. Cela indique qu’Il a laissé notre cas en suspens et qu’Il a ajourné notre affaire comparée à celle de ceux qui avaient juré, s’étaient excusés et dont le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) avait accepté cela de leur part. Puis, il (qu'Allah l'agrée), évoqua le fait que le Prophète (sur lui la paix et le salut) était sorti de Médine un jeudi et qu’il aimait sortir le jeudi. Enfin, il évoqua le fait que le Prophète (sur lui la paix et le salut) était revenu à Médine dans la matinée (au temps de Duḥâ) puis qu’il était entré à la mosquée et y avait effectué deux unités de prière. Et c’était sa tradition (sur lui la paix et le salut). En effet, lorsqu’il revenait dans sa ville, chez lui, il ne commençait rien avant d’être allé préalablement à la mosquée.

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